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Comment les grandes capitalisations et les multinationales s’intègrent-elles dans un portefeuille durable ?

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Après le succès de notre dernier article, qui mettait en lumière le raisonnement qui sous-tend la poche thématique axée sur la notion d’impact du fonds BL Sustainable Horizon, il nous semble opportun de s’intéresser à la partie de l'optimisation ESG dans ce nouvel épisode de la série.

Cette poche dite quantitative a gagné sa place dans le fonds pour deux raisons qui sont toutes deux liées à des considérations de durabilité :

  1. L’approche best-in-class [1] appliquée est particulièrement appropriée pour sélectionner les sociétés de grande capitalisation qui ne sont pas toujours a priori perçues comme étant particulièrement durables ou en mesure de générer un impact. Si les grandes capitalisations bénéficient généralement de notations ESG plus élevées, le plus souvent fondées sur la transparence et les processus de gestion des risques ESG, elles font également l’objet d’une plus grande attention médiatique en cas de problème. La nature plus complexe et diversifiée de leurs modèles économiques et de leurs chaînes de valeur peut masquer l’impact positif que ces poids-lourds sont susceptibles d’avoir sur l’économie globale. Ainsi, le filtrage de leaders ESG au sein de l’univers d’investissement garantit l’inclusion dans le fonds d’entreprises de qualité présentant un profil de durabilité solide. En termes de profil de durabilité, les entreprises sélectionnées sont soit des catalyseurs de changement grâce à leur taille, leur portée et donc leur influence sur l’ensemble de la chaîne de valeur, soit des fournisseurs de produits essentiels, utilisés quotidiennement par des millions de personnes dans le monde entier. Elles ont une influence à travers leurs produits et services, tout en présentant les meilleures pratiques ESG dans leurs propres activités.
Notre raisonnement est que, disposant du capital et des ressources nécessaires pour donner la priorité aux opérations durables tout au long de la chaîne de valeur, elles peuvent agir comme des moteurs du changement. En effet, ces entreprises ont le pouvoir et le poids nécessaires pour modifier les pratiques du marché en amont et en aval compte tenu de leur taille, de leur portée et de leur influence.Annick Drui, gérante du fonds chez BLI - Banque de Luxembourg Investments
  1. Le deuxième avantage est lié au profil risque-rendement du fonds et à la complémentarité de la poche quantitative avec la poche thématique. La durabilité va de pair avec la longévité et un comportement moral envers toutes les parties prenantes, y compris les clients et, à ce titre, avec la protection du capital de nos investisseurs. Nous estimons qu’il est judicieux, sur le long terme, de proposer un fonds qui cherche à diversifier les secteurs, les zones géographiques, les capitalisations boursières et les profils de durabilité afin d’éviter, par exemple, une perte de diversification, une volatilité accrue ou des risques liés à des biais sectoriels.

 

De quoi parle-t-on si on dit meilleures pratiques ? - Catalyseurs de changement et produits essentiels

Comment ces grandes entreprises conduisent-elles aujourd’hui des changements à grande échelle pour un avenir plus durable ? Afin d’en donner un aperçu concret, examinons quelques titres du portefeuille actuel sous les trois angles E, S et G (Environnement, Social et Gouvernance).

Côté environnement, citons par exemple des entreprises qui aident leurs clients dans le domaine de la gestion et de l’efficacité énergétique. Grâce à leurs offres de produits et de services, elles permettent à leurs clients de fonctionner en utilisant moins de ressources et de réduire ainsi leurs émissions. Naturellement, les entreprises correspondant à cette description se trouvent le plus souvent dans des secteurs tels que l’Industrie et les Matériaux.

Prenons l’exemple d’Air Liquide. Quand on parle d’Air Liquide, on pense immédiatement aux grands sites de production de gaz industriels, aux poids lourds et aux bouteilles en vrac utilisées dans les grandes industries comme la chimie, le raffinage, la métallurgie. Mais Air Liquide fait bien davantage en coulisses : la société est active dans la production d’hydrogène qui facilite la transition énergétique ainsi que dans les domaines de la santé et de l’électronique. En effet, les semi-conducteurs, les cellules des panneaux solaires et nos écrans plats dépendent des gaz industriels fournis par Air Liquide, qui est aussi un fournisseur de gaz médicaux pour les hôpitaux et les soins à domicile. La qualité habilitante de l’entreprise provient de la contribution qu’elle apporte à m oderniser les infrastructures et rénover les industries pour les rendre durables, en augmentant l'efficacité de l'utilisation des ressources et en adoptant davantage de technologies et de processus industriels propres et respectueux de l'environnement. Plus précisément, Air Liquide et ses clients ont économisé 11 millions de tonnes d’émissions équivalent CO2 [2]. Dans les raffineries, les gaz industriels réduisent la teneur en soufre des carburants et allègent les hydrocarbures lourds ; dans la métallurgie, ils améliorent la performance énergétique pour les clients tandis que dans le secteur électronique, ils permettent des avancées en matière de mobilité et de connectivité.

Ces sociétés « actrices du changement » peuvent également induire des évolutions favorables d’un point de vue social, notamment en fournissant un accès aux soins de santé. Prenons l’exemple de Novo Nordisk, la société pharmaceutique danoise est spécialisée dans le traitement du diabète grâce à divers systèmes d’administration d’insuline, de l’obésité et d’autres maladies chroniques graves. En plus des avantages évidents de ses produits en termes de santé et de bien-être, l’entreprise a lancé en 2010 le programme « Base of the Pyramid », qui vise à identifier des solutions innovantes et durables pour soutenir le diagnostic, le traitement et le contrôle du diabète chez les travailleurs pauvres qui se situent à la base de la pyramide économique. Le programme a été étendu au fil des ans à de nombreux pays pour inclure 76 pays à revenu faible ou intermédiaire et a abaissé le prix maximum de l’insuline humaine à 3 USD par flacon [3]. En outre, l’entreprise fait preuve de transparence quant à ses objectifs stratégiques et mesure les progrès accomplis à cet égard. Elle lie également la rémunération de ses dirigeants au programme « Defeat Insulin » et à des objectifs sociaux à long terme.

Enfin, les entreprises qui fournissent un accès aux données et développent des logiciels et des outils utilisés par les conseils d’administration et les directions de sociétés permettent de prendre des décisions stratégiques en tenant compte des considérations de durabilité. Les secteurs liés à la technologie constituent la majeure partie de ce segment. SAP est un exemple d’entreprise correspondant à cette description. Les technologies numériques et les logiciels d’entreprise modernes permettent aux organisations et aux entreprises de mettre en place des opérations résilientes et de soutenir leurs chaînes d’approvisionnement. SAP développe des logiciels de gestion intégrée aidant ses clients à gérer toutes leurs activités, de la comptabilité à la logistique en passant par la gestion des ressources humaines. L’entreprise donne également à ses clients les moyens de transformer leurs données en mesures E, S et G exploitables. Ainsi, sur le plan environnemental, SAP propose des solutions de collecte et d’analyse de données qui permettent aux entreprises de calculer et de réduire leur empreinte écologique, notamment en matière de consommation d’énergie, d’eau, de déchets, et ainsi de promouvoir la circularité. Sur le plan social, SAP aide à assurer la sécurité des employés, à mesurer leur satisfaction et à promouvoir un approvisionnement éthique tout au long de la chaîne de valeur. Sur le plan de la gouvernance, SAP contribue à atténuer les risques de fraude et à assurer la continuité des activités en identifiant rapidement les anomalies, en filtrant les partenaires commerciaux et en vérifiant la conformité aux normes réglementaires.

D’autre part, par le biais de notre approche de sélection nous retrouvons des entreprises du secteur de la consommation de base et discrétionnaire, qui fournissent des produits essentiels.

Ces secteurs sont susceptibles d’être un peu plus sujets à polémiques, étant donné que les controverses qui les touchent font l’objet d’une couverture médiatique indéniablement plus importante et que leurs marques/produits sont largement connus en raison de leur présence dans nos foyers. Les principaux sujets qui viennent à l’esprit sont la déforestation et la dépendance à l’huile de palme, le travail des enfants dans les champs de cacao et autres, l’exploitation des communautés locales pour le creusement de puits d’eau, ou des petits exploitants agricoles, ainsi que les quantités inutiles d’emballages en plastique... la liste est encore longue. Ce sont autant de problèmes graves et nous nous engageons, par le biais de nos investissements et de l’établissement d’un dialogue actif, au mieux à éviter les « mauvais élèves » et à atténuer les problèmes ou, au minimum, à ne pas les aggraver.

En tant que Société, nous ne pouvons pas et ne voulons pas cesser de consommer ces produits et, avec l’augmentation de la population, dont une part croissante gagne en pouvoir d’achat, il n’est pas raisonnablement possible d’anticiper une baisse de la demande de produits essentiels. Par conséquent, les entreprises qui révisent leurs propres processus de production et prennent, autant que faire se peut, des mesures de réduction, de réutilisation et de recyclage, tout en traitant leurs employés avec égard, seront gagnantes sur le long terme et sont précisément celles dans lesquelles nous cherchons à investir.

Ces entreprises doivent servir de modèles et ouvrir la voie. Leur taille est à la fois une opportunité (si elles n’ont pas les ressources et la ténacité nécessaires pour assurer un développement durable à l’échelle mondiale dans un monde interconnecté, qui le fera ?) et un obstacle, car il peut être plus long d’engager une grande entreprise sur la voie de la durabilité. Cependant, nous sommes prêts à soutenir celles qui sont désireuses d’opérer une transition significative

Comment faire pour séparer le bon grain de l’ivraie ? En examinant leur implication dans des controverses, leurs performances par rapport aux indicateurs d’impact du fonds [4], mais aussi des aspects plus qualitatifs tels que la culture et la manière dont la durabilité est réellement intégrée dans leurs activités habituelles.

En lisant les rapports et en écoutant les interviews, le point de vue de l’entreprise nous est donné avec ses propres mots. Ce dernier point ne doit pas être pris à la légère, car la communication est un indicateur fort de la culture, de la vision et du profil de durabilité d’une entreprise. Nous essayons également, dans la mesure du possible, de déterminer quel pourcentage des revenus de l’entreprise peut être attribué aux activités durables et si, au contraire, il existe des secteurs d’activité préjudiciables qui présentent des risques financiers et de réputation à long terme.

Une bonne indication sur la durabilité d’une entreprise peut également provenir de la part des revenus des marques B Corp d’une entreprise [5]. Danone se distingue particulièrement à cet égard. En effet, plus de 50 % de ses ventes mondiales sont désormais générées par des entités certifiées B Corp™, dont l’une elles, à savoir Danone North America, est la plus grande entreprise B Corp au monde. L’ancien CEO, Emmanuel Faber, était un grand partisan de l’alignement des intérêts de l’entreprise sur ceux qu’elle sert voyant la certification B Corp comme un moyen pour les responsables de Danone, en tant qu’entreprise, de se rapprocher de ce qu’ils aspirent à être en tant qu’individus. Sous la nouvelle direction, l’ambition de devenir la première multinationale à être certifiée en tant qu’entité mondiale d’ici 2025 demeure. Chez Danone, l’intégration de la durabilité dans la culture d’entreprise est évidente. C’est l’une des raisons pour lesquelles elle occupe une position de leader dans l’indicateur mondial d’accès à la nutrition, avec le meilleur score en matière de santé et de qualité nutritionnelle de ses produits. Ainsi, 90 % des ventes proviennent de produits sains, 81 % des volumes sont sans sucres ajoutés ou 88 % des volumes ont un Nutri-Score A ou B [6].

Conclusion

D’après notre expérience, il y a davantage d’ambiguïtés et de place pour la discussion lorsqu’il s’agit des profils de durabilité des sociétés sélectionnées dans la poche « quantitative » du portefeuille, car ces grandes entreprises évoquent des expériences et des sentiments personnels (positifs ou négatifs) chez chacun d’entre nous. Nous avons tous lu des articles négatifs ou sensationnalistes sur ces sociétés et faisons appel à nos préférences personnelles pour les produits de marque que nous utilisons au quotidien. Par conséquent, une première mesure pertinente pour effectuer une analyse est de recourir à des scores ESG externes et de définir des seuils minimums d’inclusion. Ensuite, après avoir compris les tenants et les aboutissants de l’activité d’une entreprise et en appliquant l’état d’esprit historique de BLI du Business-Like Investing aux facteurs de durabilité, nous sommes en mesure de déterminer l’avantage d’une entreprise sur ses concurrentes en termes de pratiques de durabilité.Cet avantage peut provenir, comme nous l’avons vu précédemment, de diverses sources. Il existe des entreprises qui contribuent à un avenir plus durable dans tous les secteurs, en tant que catalyseurs du changement dans la chaîne d’approvisionnement, ou en tant que fournisseurs de produits essentiels.

 

Si vous êtes curieux de découvrir les autres éléments de la série, veuillez suivre les liens ci-dessous :

 

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[1] https://www.airliquide.com/sustainable-development/environmental-data

[2] https://accesstomedicinefoundation.org

[3] Intensité des émissions, objectif SBTi, graves controverses en matière de RH, membres indépendants et femmes au sein du conseil d'administration.

[4] La certification B Corp mesure l'ensemble des performances sociales et environnementales d’une entreprise. L’évaluation B Impact détermine comment les opérations et le modèle d’activité d’une entreprise ont un impact sur ses travailleurs, sa communauté, son environnement et ses clients. De la chaîne d’approvisionnement et des matières premières aux dons à des organisation caritative et aux avantages sociaux des employés, la certification B Corp prouve qu’une entreprise respecte les normes les plus élevées en mettant ses activités au service du bien.

[5] https://accesstonutrition.org

[6] https://www.danone.com/content/dam/danone-corp/danone-com/about-us-impact/sust_value_creation/DASHBOARD-DANONE-2020-PERFORMANCE-ON-2030-COMPANY-GOALS-2.pdf

 

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Toute reproduction de ce document est soumise au consentement écrit et préalable de BLI.

Auteur

Annick Drui, Fund Manager, info@bli.lu; 11 avril 2022, 15h00

L’auteur du présent document est employé par BLI - Banque de Luxembourg Investments, société de gestion agréée par la Commission de Surveillance du Secteur Financier Luxembourg (CSSF).

Annick Drui, Financial Analyst/Fund Manager BL Sustainable Horizon

Annick a rejoint l’équipe ISR de BLI - Banque de Luxembourg Investments en mars 2020. Elle est titulaire d’un MSc en Finance d’HEC Lausanne avec spécialisation en gestion d’actifs et des risques. Depuis juin 2020, Annick détient également le diplôme d’analyste ESG, CESGA (Certified ESG Analyst d‘EFFAS).

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